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Le «baiseness» de l'amour

Au Maghreb, certains hommes exercent un drôle de métier:
séduire des touristes dans le but de se faire entretenir.
Pour les amoureuses, la belle histoire avec le chamelier ou le portier
se termine souvent par la désillusion et une montagne de dettes.

En cette fin d’après-midi, à Ouarzazate, ville du sud du Maroc très prisée des touristes, deux à trois douzaines d’hommes devisent dans le petit café qui jouxte l’Hôtel Royal. Parmi eux, un groupe se détache. Ils sont jeunes et beaux. Certains, à la manière touareg, portent une gandoura blanche et un chèche bleue, d’autres arborent vêtements branchés et lunettes de soleil griffées. Ils sont réunis là pour débattre de leurs stratégies de conquête. Et surtout pour repérer et jauger de nouvelles clientes dont ils parlent, confie un autochtone, comme de bétail.

En Afrique du Nord, l’activité de ces hommes est tout simplement appelée «bezness». Entre Djerba et Agadir, tout le monde sait ce que ce terme désigne: faire miroiter l’amour à des touristes, femmes ou homosexuels, afin d’en obtenir un soutien financier ou une invitation pour l’Europe. Sur place, les hommes qui font du «bezness» sont méprisés mais aussi, souvent, enviés, un peu comme les vendeurs de bazar, qui arrivent à gagner bien plus d’argent qu’un professeur.

Un visa pour l'ailleurs

Le Maroc se porte bien mieux que ses voisins tels l’Algérie ou les pays d’Afrique subsaharienne. Pourtant, le pays compte des centaines de milliers de jeunes sans perspective d’avenir qui rêvent de l’Europe. Et malgré les dangers, nombreux sont ceux qui tentent leur chance via l’immigration clandestine. Etant donné la très grande difficulté, même pour les plus éduqués, d’obtenir un visa pour la Suisse, la seule manière de quitter le pays légalement est d’épouser une Européenne. Et l’intérêt est grand.

Aziz est de ces «bezness-boys» qui peuvent se targuer d’une expérience considérable. N’a-t-il pas passé trois ans en Europe, eu des dizaines de copines européennes? Et puis, il conduit un véhicule tout-terrain qui a visiblement coûté cher. Après une vie commune difficile avec la Française qu’il avait rencontrée, Aziz a préféré rentrer chez lui, dans le sud du Maroc, et a changé de stratégie: il mène en parallèle plusieurs relations amoureuses et obtient de chacune de ses amantes un soutien financier. Un choix qui s’avère être un casse-tête à organiser, mais très rentable en dépit des couacs occasionnels, par exemple si la copine A se met à avoir des soupçons, ou si la compagne C débarque sans crier gare pour faire une surprise à son amoureux.

Les «bezness» du café de Ouarzazate, comme ceux des nombreux autres lieux de rencontre ne se contentent pas d’élaborer une stratégie de conquête. Ils sont également très bien renseignés sur les systèmes de sécurité sociale, le régime matrimonial et les différentes catégories de permis de travail dans les pays européens. Leur but, c’est d’obtenir un statut légal en Europe. Tout le reste suivra, pensent-ils.

En raison de leur pouvoir d’achat, les touristes suisses, femmes et hommes, sont une cible prisée. Conséquence, des centaines de jeunes hommes originaires du sud du Maroc ont réussi à se frayer un chemin jusqu’en Suisse. Pour des raisons évidentes, il n’existe pas de chiffres sur le phénomène. Mais on estime que pour la seule région de Zagora, les jeunes ayant émigré par ce biais se comptent par milliers. La plupart étaient guides de tours de chameaux, serveurs ou chauffeurs. Parfois, c’est toute la fratrie qui émigre, comme la famille Meziane, des paysans: deux fils sont aujourd’hui installés dans la région bernoise, et les deux autres vivent l’un à Bâle et l’autre dans le sud de l’Allemagne.

Des mariages très lucratifs

Parmi ces «bezness-boys» débarqués en Suisse grâce au coup de pouce de Cupidon, les hommes sans scrupule sont légion. C’est le cas de Hassan. Sa décision d’épouser Aline, handicapée moteur lourde après un grave accident de la route, s’est avérée financièrement juteuse: aujourd’hui, il possède un splendide ryiad dans la vieille ville de Fès, entièrement retapé avec l’argent de sa femme… et sans aucune facilité d’accès pour le fauteuil roulant. Aline, de son côté, s’est convertie à l’islam, un parmi les nombreux souhaits de son mari qu’elle a concédé. Et pourtant. Trois ans après son mariage, Hassan s’est installé avec une autre femme, et une fois le délai légal passé, a demandé le divorce. Pour Aline, l’univers s’est effondré. Elle refuse d’évoquer son histoire avec un journaliste, mais deux de ses amies nous le confirment d’une seule voix: aujourd’hui encore, elle ne s’est pas remise de ce qui lui est arrivé.

Il y a environ sept ans, la Suissesse Sonja, assistante sociale, est tombée amoureuse de Fathi, un chauffeur de la région d’Agadir. Quelques semaines seulement après leur première nuit d’amour, Fathi essayait de la convaincre de l’aider à acheter son propre véhicule. Sonja était dans une situation financièrement délicate depuis sa séparation de son mari et de ses enfants, mais Fathi a mis en avant le fait qu’en Suisse, tout un chacun pouvait prendre un petit crédit. A bout d’arguments, Sonja a fini par contracter un crédit de 10?000 francs, puis un deuxième quelques mois plus tard. Ironie du sort, dans son travail, Sonja met souvent les jeunes en garde des dangers de contracter des dettes… Au total, elle a viré plus de 70?000 francs au Maroc et n’arrive pas à se dépêtrer de la situation. Elle finance également les études des enfants de Fathi, dont l’existence ne lui a été révélée qu’une fois ses sentiments bien ancrés, ainsi que les coûteuses opérations que doit subir le père malade de Fathi.

Du rêve au cauchemar

La désillusion est le maître-mot de toutes ces histoires de vie. Le rêve du prince d’Orient se transforme rapidement en cauchemar dont les femmes ne réussissent à sortir qu’au prix d’immenses efforts et de grosses pertes financières. Mais le tribut le plus lourd à payer reste les blessures de l’âme. Sans parler des séquelles à long terme sur l’ensemble de notre société multiculturelle, car ces récits confiés sous le sceau du secret vont, à terme, renforcer les clichés en vigueur sur les Maghrébins, contribuant tragiquement à une fausse image des hommes marocains.

Dans la plupart des cas, la véracité de ces histoires n’est pas à mettre en doute. Mais il ne faut pas oublier que ces femmes blessées évacuent souvent leur propre responsabilité dans le drame vécu. Et que la même histoire vue de la perspective de l’homme pourrait s’avérer très différente. Kader Tizeroual, juriste d’origine marocaine, connaît la problématique par cœur: depuis des années, il conseille des femmes ayant contracté une telle union ou qui envisagent de le faire. Sa vision des choses dégrise. En Suisse, nombre de ces femmes n’ont pas les bonnes cartes en main sur le marché du partenariat en raison de leur physique ingrat, explique-t-il. Et si certaines cherchent un partenaire bien plus jeune, toutes ont «de grands besoins affectifs». Exactement l’inverse des «bezness», qui ont avant tout des besoins financiers. «Les femmes rêvent des Mille et Une Nuits, et cela a un prix. Dans la plupart des cas, le réveil est brutal.» Le juriste est le premier à le reconnaître: certains «bezness-boys» suivent des stratégies particulièrement raffinées. Une des raisons qui ont poussé les autorités marocaines à réagir avec vigueur au phénomène. Mais Kader Tizeroual refuse de voir la faute rejetée sur un seul camp, insistant sur le fait que chacun profite des faiblesses de l’autre. «Il arrive souvent que ces hommes qui se sentent d’abord supérieurs et très malins finissent par devenir eux-mêmes victimes de leur propre stratégie», dit-il. Et d’évoquer le cas de dizaines de jeunes hommes originaires de petits villages du sud du Maroc qui se retrouvent complètement perdus en Suisse et souffrent d’importants problèmes psychiques.

Les hommes pratiquant le «bezness» sont source de colère pour les Maghrébins qui vivent une authentique histoire d’amour; confrontés à ce cliché au quotidien, ils doivent constamment prouver qu’ils sont différents. Depuis plusieurs années, Abdou est marié avec une musicienne qui lui a donné deux enfants. Il a cette phrase lapidaire: «Il est des choses qui sont basées sur le mensonge dès le départ.»

© NZZ am Sonntag

Un phénomène dans l’air du temps

Trop sommairement décrit comme du tourisme sexuel, le «bezness» est une véritable activité parallèle qui sévit,

  • au-delà du Maghreb, jusqu’en Egypte,
  • en Afrique noire ou en République dominicaine.

Il peut prendre différentes formes:

les gigolos peuvent demander un service financier dès le début ou faire croire au grand amour. En Allemagne, a été créée la Community of Interest against Bezness, une association reconnue d’utilité publique dont le but est d’aider les victimes. En 1992, le réalisateur tunisien Nouri Bouzid a traité du phénomène dans un film salué par la critique, Bezness, avec Abdellatif Kechiche. Plus récemment, l’écrivain français a brodé autour de ce thème dans son roman La Salamandre (Ed. Folio), dont l’action se déroule au Brésil. (AB)

Qui est particulièrement vulnérable?

Toutes les personnes qui se sentent abandonnées et qui rêvent d’une relation en cherchant activement un partenaire.

  • Méfiez-vous si quelqu’un souhaite faire rapidement votre connaissance, et qui parle sans tarder du «grand amour»!
  • Méfiez-vous si quelqu’un vous demande de l’argent, même si la raison est logique, voire émouvante!
  • N’envoyez jamais de l’argent contre une promesse, et encore moins via un service de transfert d’espèces!
  • Si vous connaissez des célibataires dans votre entourage, dont vous croyez qu’ils sont présents activement sur des forums et des sites pour célibataires, informez-les sur les risques de romance scam et de bezness!

QUEL SONT LES PAYS A RISQUES ?

l e bezness ne s'arrête pas qu'a un seul pays du Maroc a l 'Egypte. en passant de la Cote d'Ivoire au Benin et tout proche de chez nous la Russie voir certains pays de l'est, le bezness ou scam romance sevit régulièrement en faisant de nombreuss victimes chaque année

UN DOUTE ,UNE EXPERIENCE MALHEUREUSE ,VICTIMES D'UNE SCAM ROMANCE ,D'UN BEZNESS,